Le bois des Lens se caractérise par une grande diversité de milieux. Cette diversité explique la présence de très nombreuses espèces animales et végétales, dont certaines sont rares, menacées et protégées. La juxtaposition, sur une vaste étendue d’un seul tenant, d’habitats naturels variés et encore préservés, et des espèces qui leur sont inféodées, concourt à faire des Lens une zone dont l’intérêt pour sa biodiversité est reconnu de tous, scientifiques et amateurs de nature.
Ce vaste ensemble naturel qui est donc un formidable réservoir de biodiversité joue aussi un rôle important pour la circulation des espèces et pour les espèces migratrices, en particulier. Certaines espèces d’oiseaux, surtout les rapaces, en apprécient l’intérêt en terme de zone de repos et de chasse, mais aussi les avantages en terme de dynamique ascensionnelle aux abords des Cévennes.
Avec la DREAL, en 2012, John Thompson – écologue, enseignant-chercheur au CNRS-CEFE – et son équipe ont défini l’ensemble du massif des Lens comme corridor écologique dans le dispositif de la Trame Verte et Bleue (TVB). Le Collectif d’associations pour la défense du bois des Lens les a accompagné, sur le terrain, en avril 2012 pour une vérification in vivo des hypothèses élaborées en cartographie.
Carte montrant le bois des Lens dans le dispositif Trame Verte et Bleue (TVB)
Des milieux à sauvegarder en priorité
– Laisser vieillir la chênaie verte
La partie sommitale du massif est majoritairement une chênaie verte stricte dont la conservation est emblématique car référencée comme habitat Natura 2000.
Les taillis de chênes verts ont été massivement exploités lors de la Seconde Guerre mondiale pour pallier aux besoins énergétiques. Les taillis actuels, s’ils n’ont pas été exploités ou incendiés depuis, ont seulement 75 ans, ce qui est loin de la maturité d’une forêt de chêne vert ou blanc qui peut atteindre plus de 400 ans.
Il est indispensable d’en laisser vieillir une partie dans les zones où l’état boisé s’est perpétué pour obtenir des stades de maturité favorables à l’expression de la biodiversité forestière.
Cette maturité peut s’exprimer par des signes visibles (comme l’installation du Pic noir ou de la Barbastelle), mais aussi, plus discrètement, par la présence de mousses, de lichens, de champignons et de tout un cortège d’invertébrés.
– Maintenir des zones ouvertes
La garrigue est un milieu résultant de l’exploitation par l’homme. Ainsi, les anciens parcours à moutons constituent encore aujourd’hui, sous formes de reliques, des milieux ouverts qu’il serait bon de préserver pour le gibier et ses prédateurs, la flore et la lutte contre les incendies. Le meilleur moyen pour maintenir ces milieux ouverts, serait de favoriser l’installation d’un troupeau communautaire. Le Syndicat Mixte Lens-Pignèdes mène depuis 2019 une étude de faisabilité pour l’installation d’un troupeau dans le bois des Lens.
Un équilibre est à trouver entre cette réouverture du massif dans certains secteurs et le maintien de zones boisées. Celles-ci sont indispensables pour lutter contre les aléas climatiques et pour contribuer à la qualité de la ressource en eau. les zones boisées sont également appréciées des chasseurs car elles constituent des habitats pour plusieurs espèces de gibier. Tout cela est une question d’équilibre, de concertation et de compromis.
– Protéger les zones humides
Mares, prairies temporairement humides, ruisseaux où l’eau coule brièvement après une averse sur un lit d’argile ou de cailloux avant de disparaître dans le karst, voilà un ensemble qui, disséminé dans les Lens, joue un rôle très important dans l’écologie du massif. Ces zones humides doivent être protégées de toute pollution et entretenues, afin de préserver les source : aménager des abreuvoirs pour les taureaux et les chevaux, restaurer l’étang des Coignies, etc. Elles sont la porte d’entrée de l’eau de pluie dans les réservoirs souterrains que constitue le karst : une assurance et une condition sine qua non pour la vie !