Découverte de la carrière des Pielles avec Roland Bonnaud - 2010

Le patrimoine du bois des Lens

La pierre s’exprime à haute voix, dans le bois des Lens, et décline, à toutes les époques, l’histoire de cette « île » posée au milieu de la Gardonnenque, à un jet de pierre de Nîmes. Elle raconte l’exploitation des carrières, pour l’extraction de la pierre de taille, la fameuse « pierre des Lens », hier par les Gallo-Romains et aujourd’hui par des Québécois ! Elle chante sous le feu du bois des chênes blancs ou verts, pour produire sur place la chaux, dans les nombreux fours disséminés sur le massif. Elle vole en éclat pour donner naissance, à partir de noyaux de silex trouvés ici ou là dans les Lens, souvent amenés d’ailleurs, aux précieux outils des humains de la préhistoire. Elle fournit des pielles, des mortiers, des blocs servant à construire les murs des enclos, des capitelles et des bergeries, les abris des bergers et des charbonniers, les maisons dans les villages alentour, les margelles des puits…

Au-delà de l’histoire des Hommes, elle révèle les animaux fabuleux qui nous ont précédés sur ce territoire, il y a 42 millions d’années (Éocène supérieur).

Ce patrimoine géologique, paléontologique, archéologique, historique et vernaculaire du bois des Lens témoigne donc d’une vie animale et humaine prolifique ininterrompue depuis la nuit des temps.

Des sites paléontologiques d’importance internationale

Le "Gros Escargot" dans un ruisseau, à Moulézan
Le « Gros Escargot » dans un ruisseau, à Moulézan

Chacun peut rencontrer, au cours d’une promenade dans le massif, des fossiles de tailles et de formes diverses, de différentes périodes géologiques. Mais il a fallu la perspicacité et le patient travail de paléontologues passionnés pour relever l’intérêt unique de certains sites en particulier (1).

Sur la base de leurs travaux, le Symposium international sur la biostratigraphie mammalienne et la paléoécologie du Paléogène européen (Mayence 1987) a déclaré les sites de Fons 4 (commune de St Bauzély) et celui de Robiac (Saint-Mamert du Gard) comme niveaux-repères internationaux

(Découvrir quelques éléments du patrimoine paléontologique)

De nombreux sites archéologiques dignes d’intérêt

Dès la fin du siècle dernier de sites archéologiques ont été repérés et fouillés dans le massif des Lens et ont fait l’objet d’études et de publications d’un grand nombre de scientifiques (2).

Il y aurait, sur l’ensemble des découvertes réalisées dans le massif des Lens, tant de choses à dire et à montrer… On ne saurait donc être exhaustif. Mais si l’on veut commencer par le commencement, il faut relever que des restes d’un jeune Néandertalien ont été découvert  dans les grottes de Macassargues par S. Garimond, ce qui montre que les Humains vivaient là il y  a 70 000 ans. Les Amis de Saturnin Garimond évoquent aussi « La découverte d’un rognon de silex aménagé en chopping tool à Font de Fige et un biface isolé sur le chemin de Robiac sont les vestiges les plus anciens trouvés à ce jour dans notre garrigue du bois des Lens. Ces outils archaïques appartiennent l’industrie acheuléenne du paléolithique ancien. »

Les traces de vie à l’époque proto-historique sont également nombreuses dans les Lens : Albert Hugues a découvert et fouillé  des tumulus  à Saint-Geniès-de Malgoirès (lien). Plusieurs cavités sépulcrales ont été découvertes et ont fait l’objet de fouilles scientifiques (lien), notamment l’une à Boucoiran (lien) et la seconde à Combas, nommée le Nombril de Vénus par Roland et Emile Bonnaud, ses inventeurs (lien).

Boucoiran présente également un oppidum proto-historique, inscrit aux Monuments historiques (lien). Un autre oppidum, établi vers 1000 ans avant notre ère est situé à Jouffe, sur la commune de Montmirat. Il présentait, outre des habitations, plusieurs temples d’importances diverses, et un imposant réservoir, toujours visible et en bon état de conservation. Malgré son intérêt majeur, ce site ne bénéficie aujourd’hui d’aucune protection, et n’est pas classé ni inscrit aux Monuments historiques.

J.-C. Bessac expliquant le travail des carrier dans l'Antiquité - carrière de Mathieu - 10 2018
J.-C. Bessac – carrière de Mathieu – 2018

C’est une banalité de dire que l’époque gallo-romaine a marqué toute la région : le secteur des Lens est porteur de maintes traces de la vie à cette époque. Mais c’est surtout un ensemble des carrières, disséminées sur une partie importante du massif des Lens, qui manifeste le mieux la présence romaine sur le secteur. Un nombre significatif  d’entre elles a été fouillé et étudié par Jean-Claude Bessac, montrant une extraction de ce calcaire très blanc, au grain très fin, et ce depuis le IVème siècle avant notre ère. Cet ensemble présente des éléments importants pour comprendre le travail d’extraction et de transport de la pierre à cette époque. Aujourd’hui malgré l’intérêt de ce patrimoine unique, deux de ces carrières seulement sont inscrites au registre des Monuments historique : celle de Mathieu, à Montagnac et celle du Roquet.

Joyau des Lens, établie au IVème siècle après J.-C. sur les hauteurs de Monmirat – au dessus du Castellas – ce qui fait d’elle le plus ancien lieu de culte dédié à la Vierge, l’église de Jouffe présente aujourd’hui encore des vestiges flamboyants. Il se murmure que l’eau, source de vie, y affleurait…

(Quelques jalons  des découvertes archéologiques )

(1) : Émilien Dumas, Saturnin Garimond, Paul Marcelin,  S. Gagnière, Jean-Albert Rémy, Jean Sudre, Jean-Yves Crochet et Rodolphe Tabuce en sont des figures marquantes.

(2) Jean de Saint-Venant, François Mazauric, Coste, Maurice Atger, Albert et Camille Hugues, Saturnin Garimond, Jean-Claude Bessac, Roland Bonnaud, Michel Py, Jean Sudre, Jean-Albert Rémy, entre autres…


RESSOURCES

Roland et Emile Bonnaud à la chapelle de Jouffe

Roland et Emile Bonnaud sur le site de l’église de Jouffe, à Montmirat