Les chauves-souris du bois des Lens

Le bois des Lens abrite 18 espèces de chauves-souris

Pour compléter des données datant de 2005 et 2006 (V. Ruffray et C. Bernier) sur les chauves-souris dans le massif des Lens, le Collectif d’associations pour la défense du bois des Lens s’est associé au Syndicat Mixte des Gorges du Gardon (SMGG), pour mener en 2012 plusieurs actions d’inventaires des populations de chiroptères sur le périmètre du bois des Lens. Ces inventaires ont bénéficié, pour leur mise en œuvre, du soutien partenarial du Groupe Chiroptère Languedoc-Roussillon (GCLR), association naturaliste spécialisée dans l’étude et la conservation des chauves-souris. En tout, dix-huit espèces de chiroptères ont été contactés dans le bois des Lens. Des études plus approfondies pourraient permettre de mieux connaître ces mammifères dont le rôle au sein des écosystèmes est largement sous-estimé du grand public et des aménageurs…

Et pourtant, elles sont, plus encore que les oiseaux, les premières victimes des éoliennes. Le projet éolien de Moulézan pourrait donc bien être fatal aux populations sensibles présentes dans le secteur du Puech Peyron.

Rôle environnemental des chauves-souris

Les êtres humains que nous sommes ayant pour mesure de la valeur des autres espèces leur « utilité » pour nos propres besoins, qu’en est-il de ces petits animaux que notre imaginaire loge dans les jardins de Dracula, ou bien transforme en réservoir à virus où puiserait en secret quelque savant pervers ?

Les chiroptères ont un rôle bien réel, et plus bénéfique pour nous que nous l’imaginons : ils sont d’importants prédateurs des papillons de nuit, dont les chenilles sont souvent les ravageurs de nos cultures fruitières, et des moustiques. Michel Jay, qui a réalisé une des études sur les chiroptères dans le bois des Lens, nous avait expliqué qu’il avait constaté qu’en Moldavie, le pays le plus pauvre d’Europe, trop pauvre pour acheter des traitements phytosanitaires, les vergers étaient en très bon état et les fruits peu attaqués. Une explication simple, oiseaux le jour et chauves-souris la nuit. Si nous voulons nous passer des produits phytosanitaires, elles sont une des clés de cette transition.

Sur le site de l’ONEM (l’observatoire naturaliste des Ecosystèmes méditerranéens, ont lit, sur la page consacrée à la Barbastelle d’Europe : elle (la Barbastelle ) « descend » jusque dans la zone du Chêne vert, à Sumène près de Ganges, à Saint-Hippolyte-du-Fort, et au niveau du Bois de Lens dans le Gard au Nord de Sommières.

Ce massif forestier dense est par ailleurs dominé par la présence du Chêne pubescent. Cette zone subméditerranéenne prolonge les Cévennes par une série de reliefs calcaires en « écaille », du Causse d’Aumelas au bassin d’Alès, qui constituent un ensemble particulier, aux précipitations et à la fraicheur hivernale plus marqué que sur la plaine littorale. Cette donnée biogéographique peut expliquer la présence de la barbastelle sur cette zone de transition avec le secteur cévenole…

Le barotraumatisme ou comment les éoliennes tuent les chauves-souris

Ce n’est pas le contact avec les pales qui est responsable de la mort des chauves-souris, mais un choc provoqué par la baisse brutale de la pression de l’air au voisinage des lames dont la vitesse dépasse, à leur extrémité, la barre des 200 km/h. Ce phénomène est bien connu des plongeurs qui doivent respecter des paliers pour remonter à la surface. Chez les chauves souris, il provoque une hémorragie interne, dans la cage thoracique ou la cavité abdominale, toujours mortelle.

>(voir barotraumatisme et le problème « éoliennes c/ chiroptères »)

EUROBATS

L’accord sur la conservation des populations de chauve-souris européennes, qui est un traité international concernant la conservation des chiroptères, signé en 1994, entre autre par la France, a publié un document intitulé Lignes directrices pour la prise en compte des chauves-souris dans les projets éoliens, actualisé en 2014. Les développeurs éolien disent suivre ces directives en appliquant certaines des mesures préconisées à leurs parcs. Mais ils oublient généralement que, dans le préambule il est spécifié par EUROBATS que : « Les éoliennes ne doivent pas être installées en forêt, quel qu’en soit le type, ni à moins de 200 m en raison du risque de mortalité élevé et du sérieux impact sur l’habitat qu’un tel emplacement peut produire pour toutes les espèces de chauves-souris. Les forêts caducifoliées matures sont les habitats à chauves-souris les plus importants d’Europe, à la fois en termes de diversité d’espèces que d’abondance »Il est difficile d’être plus clair.

Voir ressources Eurobats :