Peu concerné pour l’instant par l’usage intensif de pesticides, principale menace qui pèse sur les insectes en général, et subissant une faible pression humaine le bois des Lens est un paradis pour les insectes. D’autant que le bois des Lens présente pour eux une intéressante variété d’habitats, chaque milieu comportant spécifiquement les éléments nécessaires au cycle de vie de chacun d’entre eux. Plusieurs de ces insectes sont rares et menacés et font l’objet d’une protection sur le plan national. La sauvegarde de ces espèces, en particulier des espèces typiquement et exclusivement méditerranéennes – qui, pour certaines, sont d’ores et déjà menacées de disparition – dépendra de la gestion, dans les décennies à venir, des milieux qui les accueillent. C’est une responsabilité pour les collectivités et les propriétaires des parcelles concernées (communes et particuliers) lesquels n’ont pas toujours conscience de l’importance de ces espèces méconnues et souvent peu visibles. Les politiques de l’État pour la sauvegarde de la biodiversité, et l’éducation à la nature joueront à cet égard un rôle déterminant à court et moyen terme.
La diversité du monde vivant s’exprime pleinement à travers de la vaste palette des insectes car ils constituent la forme de vie la plus abondante sur la planète : beaucoup plus de la moitié des espèces vivantes sont en effet des espèces d’insectes. On en connaît actuellement 950 000 espèces environ, mais les entomologistes découvrent chaque année de nouvelles espèces si bien qu’ils estiment que le nombre d’espèces pourrait atteindre entre 8 et 100 millions… Une estimation qu’il faudra sans doute revoir à la baisse, car, dans le même temps, des espèces disparaissent en raison de l’impact des activités humaines. Et certaines espèces voient leurs populations dramatiquement réduites (80 % de la biomasse des insectes a ainsi disparu en trois décennies), au point de nécessiter des plans nationaux d’action pour leur permettre d’échapper à une totale disparition.
Plusieurs espèces de papillons de jour présentes dans le bois des Lens sont ainsi concernés par ce Plan National d’Action (source : R. Gaillard, C. Marsteau, F. Lienhard, et al.) et bénéficient d’une protection nationale :
- Le Damier de la succise Euphydryas aurinia (Rottemburg, 1775) (protection nationale)
- La Zygène cendrée Zygaena rhadamanthus (Esper, 1789) (protection nationale)
- La Diane Zerynthia polyxena (Denis & Schiffermüller, 1775 ) (protection nationale)
- La Proserpine Zerynthia rumina L. 1758) (protection nationale)
- L’Azuré du Serpolet Phengaris arion (Linnaeus, 1758) (R.Gaillard à Boucoiran – 1980 /source (Observatoire de la nature dans le Gard) (protection nationale)
On trouve aussi dans les Lens bien d’autres espèces de papillons (inventaire en cours), dont certaines patrimoniales pour le Gard ou suffisamment rares pour être déterminantes pour les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) (source C. Marsteau, F. Lienhard, R. Gaillard et al.) :
- Le Grand Nègre des bois Minois dryas (Scopoli, 1763)
- L’Hespérie de la bétoine Carcharodus floccifera (Zeller, 1847)
- L’Hespérie de l’Épiaire Carcharodus lavatherae (Esper, 1783)
- La Mélitée des Linaires Melitaea deione (Geyer, 1832)
- L’Echancré Libythea celtis (Laicharting, 1782)
- La Thécla de l’Arbousier – Callophrys avis Chapman, 1909
- Le Mercure ou Petit Agreste – Arethusana arethusa (Denis & Schiffermüller, 1775)
- Le Chevron blanc, Faune, ou Ocellé pindique – Hipparchia fidia (Linnaeus, 1767)
- La Mélitée des Centaurées ou Grand Damier – Melitaea phoebe (Denis & Schiffermüller, 1775)
- La Zygène de la Coronille variée – Zygaena ephialtes (Linnaeus, 1767)
- L’Azuré de l’Adragant, Azuré du Plantain ou Azuré d’Escher – Polyommatus escheri (Hübner, 1823)
Si les papillons de jour sont largement les chouchous du grand public, bien d’autres insectes, parfois moins affriolants ont un rôle indispensable à jouer dans les écosystèmes : abeilles sauvages, mouches, libellules, guêpes, fourmis, coléoptères, punaises, criquets, sauterelles, etc.
Les vieux chênes de Boucoiran abritent par exemple des larves de Xylocopes (abeilles charpentières), de Rhinocéros, de Petites biches et surtout, du fameux Grand capricorne (Cerambyx cerdo), une espèce de coléoptère protégée au niveau national en France. A Combas, on note également des observations du Grand Capricorne et du Lucane cerf-volant. (source E. Bonnaud, C. Marsteau et F. Lienhard)
Les prairies thermophiles sont quant-à-elles le royaume des Magiciennes dentelées, des insectes difficiles à observer et protégés sur tout le territoire français. E. Bonnaud en a observé sur la commune de Combas.
Une espèce de ver luisant, rarement observée dans le Gard (trois sites pour tout le département) et en France en général (27 observation en tout et pour tout !) a été vue en juin 2021 à l’occasion d’une soirée nocturne organisée par l’Œil Vert et animée par Jean-Laurent Hentz de l’association Gard Nature : le Lampyre méridional – Nyctophila reichii (Jacquelin du Val, 1859).
(Lire le compte-rendu de cette soirée de découverte de la nature)
Moins visibles, les espèces d’insectes et d’autres invertébrés qui vivent dans le sol concourent à la biodiversité, en particulier dans les milieux forestiers, mais dans les Lens comme partout ailleurs dans le monde, cette diversité quasi-invisible est encore mal connue.
Partout sur cette planète, le monde des insectes est encore une vaste source de découvertes. Le bois des Lens, offre un réel potentiel dans ce domaine, mais le Collectif des Lens manque d’observateurs spécialisés en entomologie… Afin d’affiner la connaissance du massif des Lens dans ce domaine, les collectivités et les services de l’État pourraient engager une campagne d’étude des insectes à l’échelle du massif des Lens et s’appuyer sur les naturalistes professionnels et amateurs, membres des associations du territoire, qui ont une bonne connaissance du terrain. Ce qui est sûr, c’est que le bois des Lens réserve à l’amoureux de la nature des surprises à chaque visite !
REMERCIEMENTS
Le Collectif des Lens remercie touts les contributeurs des inventaires entomologiques dans le bois des Lens, en particulier les lépidoptéristes et membres érudits de l’association Gard Nature, qui, dans le cadre du travail en vue de l’édition de l' »Atlas de papillons de jour et Zygènes du Gard », ont contribué sur le terrain ou par du conseil et de l’aide à l’identification des espèces, aux recherches et à l’identification de nouvelles espèces et d’espèces rares dans le massif des Lens.