Les oiseaux du bois des Lens

Du fait de son étendue et la faible présence humaine, le bois des Lens, cette « montagne-île » comme le qualifie le chapitre qui lui est consacré dans l’Atlas 1985-1993 du COGard offre à de nombreuses espèces d’oiseaux un espace de tranquillité. Cependant le projet de construction de cinq éoliennes va bouleverser cette situation.

Ce projet intervient en effet dans une zone parcourue de ruisseaux temporaires, à Moulézan et plusieurs espèces d’oiseaux qui fréquentent le site, vont voir leur habitat se réduire comme peau de chagrin, dont certaines particulièrement menacées par l’effet barrière et le risque de collision que constitueraient les éoliennes.
La réflexion que nous avons menée autour des études disponibles, particulièrement celles de la LPO (Ligue Protection des Oiseaux) nous rend très pessimistes. Le scénario le plus plausible est que les espèces sensibles subiront des pertes directes par collision, ou indirectes par abandon d’habitat, qui conduiront à leur disparition de toute cette partie du massif des Lens.
Cela ne sera pas une hécatombe brusque mais l’accumulation au fil du temps, disons au cours des dix premières années, d’une litanie d’accidents.

Des oiseaux et un site naturel fortement menacés par des éoliennes

Tous les facteurs environnementaux liés au site et comportementaux liés aux espèces sont réunis pour que la mortalité se situe dans le haut de la fourchette énoncée par la LPO qui est de 0,3 à 18,3 oiseaux tués par éolienne et par an. Ce qui équivaudrait à une catastrophe pour certaines espèces déjà rares.
Les plus fréquentes victimes des éoliennes sont le Faucon crécerelle, la Buse variable, le Milan noir, le Busard cendré, le Busard Saint-Martin, l’Épervier d’Europe, le Circaète Jean-le-Blanc, mais aussi le Martinet noir, le Roitelet à triple bandeau, et la Perdrix rouge. Toutes sont présentes dans le bois des Lens.
Et peut-on négliger le risque encouru par certaines espèces encore plus rares, telles que l’Aigle de Bonelli et le Milan Royal, voire le Faucon crécerellette ou le Faucon hobereau, ce dernier observé en couple en 2021 sur la zone des ruisseaux, à Moulézan ?

Vol au dessus d’une « montagne-île »

Le CO-Gard fait  du massif des Lens un district biogéographique à part entière dans ses Atlas successifs. Dans le dernier volume paru, le bois est décrit comme évoluant vers le stade de « forêt climacique », c’est à dire allant vers son stade ultime sans intervention humaine. Ceci se produit au détriment des garrigues boisées ou ouvertes, évolution qui pourrait avoir à terme une conséquence sur la variété des espèces. Pour l’instant le milieu reste riche, le nombre des espèces semblant même en augmentation entre les deux éditions de l’Atlas : 67 espèces (56 certaines, 5 probables et 6 possibles) dans l’Atlas de 1993, contre 84 espèces (55 certaines, 20 probables et 9 possibles), dans celui consacré à la période 2009-2017. Les auteurs du recensement restent cependant prudents, soulignant les dangers auxquels est soumis le massif.

Pour donner une image complète de l’avifaune du bois des Lens, Thierry Gaugne a réalisé, à partir des deux éditions de l’Atlas du COGard, une liste des espèces observées. Ce document donne le statut qui en dérive (nicheur certain, probable, possible / hivernant / etc.) ainsi que la classification, le cas échéant, sur la liste rouge des espèces menacées (En danger critique d’extinction / En danger / Vulnérable). Y sont ajoutées quelques remarques pour certaines espèces.

Des espèces particulièrement impactées

Aigle de Bonelli

L’ Aigle de Bonelli (Aquila fasciata)
Photo : Conselleria de Medi Ambient i Mobilitat, Govern des Illes Balears CC BY-SA 3.0, Wikipedia

En savoir plus sur l’Aigle de Bonelli – T. Gaugne – août 2021

Le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus)
Photo : Von Ion Ruiz from Spain – Culebrera, CC BY-SA 2.0, -Wikipedia
En savoir plus sur le Circaète Jean-le-Blanc – T. Gaugne – août 2021


Le Busard cendré mâle (Circus pygargus)
Photo : Gilbert Lacassin – COGard


A la lumière de l’expérience que nous avons accumulée depuis maintenant plus de dix ans, nous avons tenté de répondre à cette question polémique. Pour comprendre pourquoi  nous pensons que la présence d’éoliennes constituerait un danger certain pour plusieurs espèces nichant dans le bois des Lens, ou le fréquentant, accédez aux pages dédiées :

“LES OISEAUX ET LES ÉOLIENNES”  par Thierry Gaugne (2021)
1. Un sujet qui divise bien au-delà des frontières françaises : Le débat en Allemagne et aux États-Unis
2. La situation et le débat en France, les mesures de protection et le positionnement de la LPO
3. La problématique du bois des Lens

 


Remerciements

Sur cette page nous tenons à remercier les membres du COGard qui nous ont aidés, dès les premières années du Collectif, à mieux connaître les oiseaux du bois des Lens, tout particulièrement Denise Courtin, pour qui le bois n’a pas de secrets, et Philippe Bessède, trop tôt disparu, qui excellait dans la recherche des nids des Hiboux grands-ducs ou des Busards cendrés. P. Bessède est l’auteur d’une étude, réalisée en 2009 : « Etat des connaissances sur l’avifaune du Bois des Lens (GARD)« . Une page du site du COGard est d’ailleurs consacrée à sa mémoire. Nous remercions également ainsi que José Cabrera et Stéphane Baty pour leurs observations et conseils.

Nous tenons également à signaler l’aide apportée par Roland et Emile Bonnaud, deux grands connaisseurs du bois des Lens, qui sont à l’origine de nombreuses observations, pour les Circaètes Jean-le-Blanc, les  Busards cendrés ou la très rare Hirondelle rousseline, entre autres.


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